11 mars 2009

CONSEILS ET RECOMMANDATIONS AUX HASHEURS

.. DURANT LA SAISON CHAUDE.


Docteur Francis FRAYSSINET, médecin militaire et... hasheur émérite


Les températures extérieures montent progressivement et lors des hash les participants vont être confrontés à des températures dépassant les 40° C voire les 45° C.

Cela peut poser problème et même problème mortel ! Il s’agit du coup de chaleur d’exercice ou hyperthermie d’effort.

Vous trouverez ci-dessous informations (partie A) et conseils (partie B). Si vous êtes très très occupé, lisez au moins la partie B.


PARTIE A

Notre corps régule en permanence sa température interne à 37° C (thermorégulation) : c’est la température idéale de fonctionnement de toutes nos cellules (muscles, organes, cerveau...). Dès que la température extérieure dépasse 37° C, l’organisme doit lutter pour maintenir stable sa température interne. L’essentiel du mécanisme repose sur l’évaporation de l’eau à travers la peau : c’est la perspiration qui laisse la peau sèche. Pour mieux comprendre, songez à la quantité d’énergie qu’il faut utiliser pour chauffer une casserole d’eau et transformer toute l’eau liquide en vapeur d’eau ! C’est ce que fait notre organisme et c’est un mécanisme très efficace ! La transpiration ou sudation, avec ruissellement d’eau sur la peau, signe déjà un dépassement des possibilités de l’organisme qui, parant au plus pressé, élimine l’eau sous forme liquide sans avoir le temps de passer par la phase gazeuse. L’efficacité est moindre et surtout la perte d’eau et de sels est beaucoup plus importante ce qui entraîne rapidement une déshydratation. Le mécanisme de perspiration est gêné par des vêtements inadaptés (trop épais ou imperméables), par la saturation en eau de l’air ambiant (une chaleur sèche est toujours mieux supportée qu’une chaleur humide !). L’élimination de la chaleur peut se faire également par convection c’est à dire échange incessant d’air à la surface de la peau : c’est pourquoi l’absence de vent est un facteur aggravant.

Si à cela on ajoute un effort physique, la situation se complique ! En effet, l’effort musculaire a un rendement médiocre, voisin d’un moteur thermique : 25% seulement de l’énergie produite sert à bouger réellement (énergie mécanique), 75% est perdu en chaleur (énergie thermique). C'est pourquoi il faut toujours un radiateur pour refroidir un moteur !

Par temps froid, le gradient thermique est favorable : l’air extérieur inférieur à 37° C refroidit naturellement le corps, l’exercice physique produit de la chaleur qui réchauffe le sportif et est éliminée facilement si l’on porte des vêtement adaptés.

Par temps chaud, le gradient thermique est défavorable : l’air extérieur supérieur à 37° C a tendance à chauffer naturellement le corps et l’exercice physique en rajoute encore !

Si l’organisme n’arrive plus à gérer efficacement son refroidissement, la température interne monte progressivement, les cellules commencent à souffrir (cerveau, coeur, reins, foie...), les signes cliniques de dysfonctionnement apparaissent. Ce stade est réversible si les bonnes mesures sont prises immédiatement. Sinon, la température continue de monter, les centres nerveux centraux, les organes (foie, reins, coeur...) perdent toute efficacité et le décès survient à très court terme par défaillance viscérale multiple, rebelle à toute thérapeutique.
Ce coup de chaleur d'exercice est, heureusement, assez rare mais comme on l'a vu, potentiellement mortel. Beaucoup plus fréquent est le coup de chaleur classique qui répond au même mécanisme mais sans défaillance viscérale, donc sans pronostic vital. Néanmoins, sa survenue n'est ni agréable, ni souhaitable et les conseils de prévention suivants s'appliquent aussi à ce cas là.


PARTIE B

La prévention repose :
- sur une bonne condition physique : elle peut varier d'un jour à l'autre. Eviter le ou les jours précédents excès d'alcool et de nourriture (ou à l’inverse jeûne, carême, ramadan...), déficit en sommeil, accumulation de fatigue physique. Ne faites pas d'effort si vous êtes souffrant, si vous vous sentez fatigué, si vous prenez certains médicaments (psychotropes, vasoconstricteurs, caféine…). Attention aussi à la surcharge pondérale qui gêne l’évacuation de la chaleur (la graisse sous-cutanée est en effet un bon isolant !).
- sur un bon entraînement physique, très important surtout si vous courez : il faut prévoir une autre séance au moins en endurance dans la semaine pour s'aguerrir.
- sur l'acclimatation c'est à dire habituer progressivement l'organisme à un effort en ambiance chaude sur 4 à 6 semaines quand on arrive ou qu'on revient au Niger.
- sur l'absence de cigarette chez le fumeur 1 heure avant et 3 heures après un effort physique. La nicotine peut en effet provoquer un spasme des artères coronaires, ce qui est très mal vécu par un cœur en plein effort ou en cours de récupération !
- sur une tenue adaptée : vêtements aérés, couvre-chef pour les marcheurs.
- sur une bonne hydratation : boire abondamment avant, pendant et après l'effort (de l'eau bien entendu !) même en l’absence de sensation de soif.
- sur un esprit sportif avisé : l'essentiel est de participer, de faire un effort adapté à ses possibilités et son envie, non de vouloir doubler "à tout prix" tel concurrent honni ! Un zeste de compétition chez les coureurs est stimulant mais cela ne doit pas devenir obnubilant !

Si malgré cela vous observez les signes suivants sur vous-même ou chez une autre personne :
- fatigue anormale, très marquée
- douleurs et crampes musculaires
- soif intense
- céphalées, vertiges, démarche ébrieuse
- confusion mentale ou agressivité
- troubles digestifs (douleurs abdominales, nausées, vomissements).

Il faut immédiatement :
- arrêter l'effort physique
- allonger la victime, la déshabiller
- la mettre à l'ombre (arbre, vêtement, tissu, personne faisant écran…)
- asperger la victime d'eau, la frictionner avec un linge humide, créer un courant d'air (site venté sinon éventer…)
- si glace disponible, en placer à travers un tissu sur les grands axes vasculaires : cou, aisselles, racines des cuisses
- faire boire si la victime est consciente.

Assez souvent, les signes d’alerte peuvent manquer et la victime s‘effondre d’emblée avec perte de connaissance. La conduite à tenir est la même.

Cela suffit le plus souvent pour rétablir la situation. Si aggravation (vomissements, coma…), mettre la victime en Position Latérale de Sécurité, donner l'alerte et continuer les soins.
Il faut savoir que :

- le hash est une manifestation bénévole de type anglo-saxon sans soutien ou garantie : chacun participe sous sa propre responsabilité !

- il peut y avoir un médecin présent (moi assez souvent !), encore faut-il qu'il ait une trousse d'urgence (j'en amène une !), qu'on puisse le joindre rapidement (pas facile durant la course !), qu'il puisse se déplacer jusqu'à la victime (vu les terrains d'exercice, même en 4x4 ce n'est pas évident !) et qu'il soit performant et efficace (à la fin du hash, je suis comme tous les coureurs en dette d'oxygène, et je n'ai pas les compétences d'un urgentiste du SAMU !).

- il n'y a pas de service médical d'urgence à Niamey, ni de service moderne de réanimation. Les délais de traitement sont donc longs, les possibilités thérapeutiques limitées…

d'où l'importance primordiale de la prévention !!!

En conclusion, le hash est une activité excellente pour le corps et l'esprit, éminemment sympathique, très agréable et très conviviale. Cela est et doit rester un plaisir, à renouveler chaque samedi mais à consommer avec modération durant la saison chaude !


NIAMEY le 3 avril 2008, vérifié et considéré comme toujours valide le 6 mars 2009.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

merci de me transmettre les coordonnées Mail de Doc FRAYSSINET à l'adresse suivante: jeanvincentbeaume@yahoo.fr
Merci
JVB